Tribune

A. Perez, chef monteuse


Les élections TPE (Très Petites Entreprises) ont un véritable enjeu au niveau national bien sûr mais également dans notre secteur. Nous sommes invités à exprimer notre soutien au syndicat qui nous correspond le mieux. Il faut être conscient de l’importance de ce choix dans notre vie quotidienne de salarié.

Nous avons des droits sociaux, ces droits ne nous ont pas été octroyés, ils ont été acquis au fil des années grâce à l’action syndicale et constituent une protection cohérente qui nous permet de vivre de nos métiers. La CGT SPECTACLE a constamment été l’initiatrice et le moteur de cette construction.

coordonnéesJ’ai longtemps été adhérente, militante et élue au SNTR CGT (devenu le SPIAC cgt). Ce syndicat a toujours été et est toujours à la CGT, avec et dans la fédération CGT SPECTACLE qui depuis 108 ans partage l’histoire du cinéma et du spectacle vivant et de celles et ceux qui les font, les fabriquent.

Il faut connaître un peu l’histoire :

La CGT SPECTACLE, riche de ses syndicats représentants toutes les catégories des salariés du spectacle vivant, du cinéma et de l’audiovisuel (artistes interprètes musiciens, acteurs, réalisateurs, ouvriers, techniciens – permanents et intermittents) a pu obtenir que nos droits sociaux tiennent compte du caractère particulier de nos contrats de travail : salariés intermittents à employeurs multiples.
C’est grâce à son combat que nous avons des droits adaptés à notre situation de salariés à contrat à durée déterminée dits d’usage (CDDU). Voir nos droits à la formation continue AFDAS, nos caisses de retraites etc.

Prenons à titre d’exemple les Assedic – les annexes 8 et 10 qui réglementent nos droits à l’indemnisation du chômage.

Tous les 3 ou 4 ans ces droits sont remis en cause par le MEDEF et hélas par ses alliés qui sont pourtant des syndicats de salariés. La lutte est toujours menée principalement par la CGT SPECTACLE et ses syndicats dont le SPIAC CGT. Au printemps dernier la CGT, avec l’apport actif de la CIP (Coordination des Intermittents et Précaires) et le soutien de FO ont permis de conserver le maintien des annexes 8 et 10 dans le régime interprofessionnel avec la prise en compte de notre spécificité.

La CFDT au niveau national continue aujourd’hui à faire obstacle à l’application des nouvelles annexes !

Le syndicat des techniciens autonome (SNTPCT) est peu visible, peu actif sur ce point… En revanche ce même syndicat a intenté un procès contre l’accord de salaires de la production audiovisuelle, son action juridique qui a duré prés de 15 ans a permis de casser la convention collective de l’audiovisuel. Il était opposé à l’existence de 2 niveaux de salaires au nom du principe : « A travail égal, salaire égal ». Cette convention avait été le résultat d’une lutte et de négociations, les signataires regrettaient aussi l’existence de deux niveaux de salaires mais préféraient « ce compromis » pour mettre fin au vide juridique et à la foire aux salaires qui régnaient.

Ainsi nous nous retrouvons dans un vide juridique qui nous fragilise. La politique adoptée par ce syndicat profite ainsi à nos employeurs.

Pourtant ce même syndicat a signé avec la CGT la convention collective de la production cinématographique qui permet 3 niveaux de salaires en fonction du budget du film ! De plus aujourd’hui dans l’audiovisuel il demande des salaires différents suivant « le genre » des productions sur lesquelles nous sommes amenés à travailler : ce syndicat propose de réserver les meilleurs salaires à la seule fiction, au détriment de tout “le reste”.

Ce qui est à l’œuvre dans ces propositions c’est un corporatisme étroit, étriqué qui tend à classer les salariés en différentes catégories : les « nobles » ceux qui travaillent sur des fictions pour la télévision et le « tiers état » pour les autres qui travaillent dans le flux.

Quant au documentaire il n’est même pas cité …

C’est à croire que c’est un genre honteux, pratiqué par des techniciens de moindre compétence ? Où est donc passé le principe « À travail égal, salaire égal » ? Comment un syndicat peut-il à ce point se contredire ? Comment ont ils pu oser faire casser la convention collective de l’audiovisuel et priver les salariés, dont ceux qu’ils représentent, de cette protection ?

Je ne comprends pas les syndiqués du SNTPCT, j’en connais, je n’arrive pas à saisir comment ils se retrouvent dans de telles contradictions. Au SPIAC Cgt nous préférons que les droits et salaires soient définis en fonction du métier exercé par les salariés – techniciens et ouvriers.

Je constate que dans notre secteur la CGT, donc le SPIAC, prend en charge les intérêts des salariés – de tous les salariés – sans esprit de caste, ni mépris. C’est ce que doit être un syndicat, c’est même son objet premier. Que vous soyez syndiqués ou pas, vous êtes à même de savoir et de vérifier qui défend nos intérêts dans la pratique. Nous travaillons dans le cinéma et à la télévision nous savons voir, nous savons construire un film, un récit, nous sommes aptes à comprendre notre réalité quotidienne.

Ce qui nous attend au niveau national va demander lucidité, courage. Il faut choisir son camp et voter aux élections des TPE pour ceux qui sont à nos côtés même si les luttes sont imparfaites. Dans son orientation et ses positions la CGT au niveau national et dans notre secteur reste le seul syndicat cohérent et combatif. J’ai eu aussi des désaccords, des déceptions mais sur les axes essentiels de sa politique je suis confiante.

Oui il faut choisir son camp pour continuer à avoir des droits sociaux et mener les prochains combats.

Cordialement
A Perez
Chef monteuse


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