Communiqué du Conseil national du SPIAC-CGT et du SFA-CGT
à la suite de la diffusion d’une liste de fichage et blacklistage
de salarié·es de la
production audiovisuelle et cinématographique
Communiqué
Depuis quelques jours, un tableur circule au sein de la profession. Plus de 800 technicien·nes et artistes-interprètes y sont répertorié·es et trié·es selon un code couleur, du vert clair au rouge foncé. À cela s’ajoutent des commentaires sur les salarié·es, parfois favorables, parfois dégradants - et qui dans certains cas relèvent de la discrimination (validisme, sexisme, appartenance syndicale supposée…). Fait notable, est utilisé comme critère de blacklistage la demande de respect du droit du travail, notamment en matière d’heures supplémentaires.
Cette liste est apparue dans un contexte marqué par la publication début octobre par le journal Les Jours d’une enquête en quatre volets sur les sociétés de production Capricci et Bobi Lux, gérées par Thierry Lounas et Claire Bonnefoy. Cette enquête fait notamment état d’accusations de violences et d’agressions sexuelles à l’égard de ces deux producteur·ices et d’une plainte pour viol déposée à l’encontre de Thierry Lounas. Le deuxième volet de cette enquête revient quant à lui sur les conditions de travail extrêmement dégradées au sein de ces sociétés de production. Sur ces différents sujets, le SPIAC-CGT accompagne et conseille des salarié·es et d’ancien·nes salarié·es de ces sociétés depuis plusieurs mois maintenant.
Cette enquête révèle aussi l’existence d’un tableur qu’auraient tenu ces deux producteur·ices pour mettre à l’index certain·es salarié·es avec qui ils ont travaillé.
À ce stade, nous ne pouvons pas affirmer l’authenticité ni la provenance du tableur qui circule actuellement. De même, nous ne pouvons pas établir de lien définitif entre ce tableur et celui qu’aurait tenu Thierry Lounas et Claire Bonnefoy comme mentionné dans l’article des Jours. Pour cela, une enquête indépendante doit être menée.
C’est pourquoi nous allons rapidement saisir les autorités indépendantes compétentes afin de faire la lumière sur la véracité et la provenance de ce tableur. Nous entreprendrons également des démarches ayant pour objectif la défense des droits des salarié·es.
Cette situation doit cesser.
Nous encourageons les salarié·es concerné·es à nous contacter s’ils ou elles souhaitent participer ou être tenu·e au courant des démarches que nous entamons. Nous serons disponibles pour les accompagner s’ils souhaitent également effectuer des démarches individuelles.
Au regard non seulement du flou actuel sur la véracité et la provenance de ce document, mais aussi des propos discriminatoires et dégradants à l’encontre de salarié·es contenus dans cette liste, nous appelons à la plus grande prudence quant à sa diffusion.
Cette liste, qui choque par son ampleur et la violence des propos qui y sont tenus à l’égard des salarié·es, illustre une pratique qui malheureusement existe dans nos secteurs, de manière plus ou moins formelle. Cette pratique abjecte et illégale rend très difficile la défense de ses droits dans nos secteurs structurés par la précarité de l’emploi. Cette situation doit cesser.
L’action collective et la solidarité entre les salarié·es sont les seuls remparts à ces méthodes. Nous devons construire ensemble le rapport de force nécessaire à ce que de telles listes ne puissent plus être produites, et que les salarié·es n’aient plus la crainte de demander la stricte application du droit du travail, de peur de ne plus pouvoir travailler.
Les articles du journal Les Jours sont disponibles ici pour les abonné.es :
wwwlesjours.fr/obsessions/systeme-lounas
Contacts
Pour les technicien·nes :
– Si vous êtes un·e salarié·e concerné·e : nour.belhadj@spiac-cgt.org
– Si vous êtes journaliste : louise.rocabert@spiac-cgt.org et nicolas.yassinski@spiac-cgt.org
Pour les artistes interprètes
– Si vous êtes un·e salarié·e concerné·e ou journaliste : dlgationsfa@sfa-cgt.fr
