Lettre ouverte à Mme la Ministre de la Culture

 

Paris, le 30 mai 2013

 

Madame la Ministre de la Culture et de la Communication,

 

Nous sommes consternés à la lecture de vos déclarations à propos du palmarès de la 66ème édition du Festival de Cannes de ne pouvoir lire, même à peine évoquée, aucune allusion aux conditions de production du film ayant obtenu la Palme d’or : «La Vie d’Adèle».

En effet, comment ignorer alors qu’une très grande partie de notre presse nationale et de nos média nationaux  a relayé l’information, que les conditions de travail, les conditions de rémunérations ont été très largement bafouées pendant la production du film ? Comment ignorer encore que de très nombreux professionnel(le)s ont été conduits par lassitude ou écœurement à quitter le tournage et que d’aucuns n’hésitent pas à parler de « Palme de plomb ».

Quand l’occasion vous était donnée, Madame la Ministre, d’évoquer, même brièvement cette situation, vous avez choisi le silence et ce silence se charge lourdement de sens… quand une simple évocation aurait permis de réconforter une équipe technique et artistique très largement maltraitée.

Nous n’avons pas souhaité pour ce qui nous concerne stigmatiser le film « La Vie d’Adèle »et nous nous sommes félicités de cette Palme qui vient ou qui devrait venir récompenser l’ensemble d’une équipe parce que le Cinéma, Madame la Ministre, c’est la convergence des savoir-faire, des talents, de l’ensemble de professionnel(le)s dans une aventure toujours singulière.

Les mots ont manqué et nous le regrettons tout en souhaitant que votre volonté ne faillira pas à respecter les engagements pris en matière d’extension de la Convention collective de la production cinématographique au 1er juillet prochain.

Les révélations de la presse, autour des conditions de tournage du film dont on parle, montrent combien il est urgent que la production cinématographique dans notre pays ne reste pas une zone de non-droit et les manquements que nous évoquions sont des manquements graves à des prescriptions d’ordre public du Code du travail.

Dans l’attente, nous vous prions de croire, Madame la Ministre, en l’expression de nos salutations respectueuses.

 

 

Laurent BLOIS,

Délégué général,

Pour le Conseil national.

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