Salariés intermittents du spectacle : Le combat continue !

 

Le 19 juin 2014, c’est le Premier Ministre M. VALLS en personne entouré de la Ministre de la Culture A. FILIPPETTI et du Ministre du Travail F. RABSAMEN qui est monté au en première ligne pour répondre à la mobilisation des professionnels du spectacle contre l’agrément de la nouvelle convention Unedic signée par les organisations patronales, la Cfdt, la Cftc et FO.

Après la séance de “calinothérapie” habituelle sur le rôle de la culture et son poids économique, M. VALLS a annoncé ses décisions :

 

–       « Cette convention doit être agréée, et elle sera agréée. »

.. « Ceux qui prennent la responsabilité de signer peuvent compter sur le respect par le gouvernement des accords négociés dans le cadre de la loi ».  

      

Cette phrase résonne de manière particulière aux oreilles de ceux qui n’oublient pas avec quel acharnement le gouvernement, sa Ministre de la Culture et son Ministre du Travail ont imposé un avenant de révision d’un accord pourtant négocié lui aussi dans le cadre de la loi… la Convention Collective de la Production Cinématographique, n’hésitant pas à conditionner son agrément à cette révision. Mais il est vrai qu’il s’agissait de prendre parti pour les producteurs au détriment des salariés…

Le Gouvernement valide donc un accord qui fait peser l’essentiels des 2 Milliards € d’économies générées en 3 ans sur les salariés privés d’emplois en particulier les plus précaires, intérimaires, intermittents… Ce sont le Medef et les politiques en place qui provoquent un chômage de masse et généralisent la précarité, et c’est aux salariés privés d’emploi de payer la facture… double jackpot pour le Medef !

 

–       «  Il nous faut rompre avec ce cycle infernal de crise et de tension, et bâtir un cadre enfin stabilisé et sécurisé. »

«  Ce dispositif original est une forme indirecte de soutien à la création artistique et il ne peut reposer entièrement sur la seule solidarité interprofessionnelle, même si elle en reste le cœur. L’état doit aussi assumer sa place autour de la table pour ce sujet-là, bien particulier, y compris pour le financement. »

 

Avec cette annonce M. VALLS répond ainsi favorablement à une revendication du MEDEF que nous combattons depuis plus de 20 ans… il jette les bases d’une caisse autonome, solution mortifère pour notre régime d’assurance chômage, qui quelles que soient ses règles spécifiques résultant de notre statut de salarié intermittent ne peut exister et fonctionner de manière pérenne en dehors de la solidarité interprofessionnelle.

Devant le rejet soulevé par cette annonce chez lez professionnel(l)es en lutte et leurs organisations et structures de lutte, le 1er Ministre a du corriger le tir sur ce point, dans sa lettre de mission du 24 juin 2014 aux trois personnalités qu’il a nommées, pour mener une concertation sur une réforme pérenne des annexes 8 et 10.

 

« Le gouvernement exclut l’option de création d’une caisse autonome pour les intermittents : le régime doit rester dans le champ de la solidarité interprofessionnelles ».

 

–       « Une mesure d’apaisement de portée immédiate : le nouveau différé ne s’appliquera pas »

 

Différé faut-il le rappeler qui devrait frapper très durement les salariés intermittents de l’audiovisuel et du cinéma et qui cumulé au délai de carence de 7 jours pouvait entraîner des périodes de un à plusieurs mois sans indemnisations, selon le salaire perçu sur la période de référence et le nombre d’heures travaillées.

L’Etat prend en charge le financement du différé d’indemnisation pour la part générée par la nouvelle convention d’assurance chômage. Cette mesure est transitoire et doit s’arrêter avec la fin de la concertation pour la refondation des annexes 8 et 10. On ne sait pas à ce jour sous quelle forme ni sur quelle ligne budgétaire sera pris cet argent…

 

–       «  Les crédits budgétaires consacrés à la création et au spectacle vivant seront maintenus, intégralement, en 2015, 2016, et 2017 ».

 

Si, il faut se féliciter de cette mesure, nous n’oublions pas qu’elle est prise dans le cadre d’un budget global, celui de la culture qui lui baisse de manière continue…

 

Nous n’oublions pas non plus les ponctions opérées sur le budget du CNC, depuis la mise en place de la politique d’austérité.

Année après année ce sont plusieurs centaines de millions d’euros qui ont été détournés de leur vocation initiale : Le soutien à la création audiovisuelle et cinématographique.

Une nouvelle ponction sur le budget 2015 serait en totale contradiction avec cette volonté affichée de soutien à la création du 1er Ministre et du Président de la République.

Une nouvelle ponction serait désastreuse alors que tous les chiffres font état d’une baisse sans précédent de la production cinématographique sur les 6 premiers mois de l’année 2014, cette baisse portant pour l’essentiel sur les films à budgets importants et moyens donc ceux qui génèrent le plus d’emplois !

Ces ponctions répétées prennent un caractère structurel, qui remet dangereusement en cause les fondements même de notre système de soutien, base de notre industrie cinématographique vanté par M. VALLS dans sa conférence de presse du 19 juin :

 

«  Les cinémas font 200 millions d’entrées annuelles, dont près de 40% pour voir des films français ; c’est une performance inégalée et enviée en Europe ».

 

Dans la phase de concertation qui s’ouvre, nous porterons avec nos camarades de la Fédération CGT du spectacle, nos revendications communes et les propositions de la plateforme unitaire du comité de suivi, pour une réforme juste et pérenne de notre régime d’assurance-chômage au sein de la solidarité interprofessionnelle.

Parce que nous savons qu’il ne peut y avoir d’avancées sans rapport de force, nous appelons les salariés de nos professions à maintenir la mobilisation et la vigilance, sur le terrain de l’assurance-chômage mais également sur ceux de l’emploi et du respect des accords conventionnels, parce que nous voulons vivre de nos métiers.

 

 

Paris, le 1er juillet 2014.

Le Conseil national du SPIAC.

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