Audiovisuel, les mystificateurs jouent avec le feu au détriment des professionnel(le)s du secteur.

 

Téléfilms : Après 14 années d’application d’Accords de salaires illégaux dans la production de téléfilms, où deux niveaux de salaires minima  ­­—  en fonction du montant du devis —s’appliquaient pour les techniciens… C’est comme cela que s’exprime le SNTPCT pour parler d’une Convention collective qui a permis depuis plus de 14 ans de réguler un secteur qui était en état de « jungle » avant son application, où chaque salarié devait négocier individuellement son salaire à chaque film proposé. Le SNTPCT a attaqué juridiquement la Convention Collective auprès de la Cour d’Appel de Paris (mandaté par qui, pourrait-on se demander) et a obtenu un jugement qui remet en cause les niveaux de salaire négociés après une longue grève de techniciens et d’ouvriers.

Ce procès est d’autant plus étrange que le SNTPCT d’un côté dénonce les salaires en fonction des budgets pour la Convention Collective de l’Audiovisuel, alors même qu’il a été le premier à signer, dans la Convention Collective de la Production Cinématographique, des salaires dérogatoires qui justement sont dégressifs en fonction des budgets. Où est la cohérence de ce syndicat ?

 

« Les producteurs n’ont plus le droit d’appliquer, pour les techniciens de la production de téléfilms, la grille de salaires inférieure correspondant aux techniciens dits « non-spécialisés », mais celle des salaires qui caractérisent les fonctions du téléfilm, qui sont les fonctions suivies du mot « spécialisé » ».

Cette affirmation, mentionnée nulle part dans le jugement, laisse croire qu’il s’agit d’une victoire et que les employeurs ont maintenant l’obligation de payer le tarif supérieur. C’est faux ! Nous sommes pour notre part très inquiets de la décision de la Cour d’appel de Paris, suite à cette attaque du SNTPCT. Aujourd’hui et contrairement à ce qui est dit, les producteurs peuvent appliquer indistinctement le niveau le plus bas ou le niveau le plus élevé de la double rémunération prévue par la Convention. A leur place, vous feriez quoi ?

 

Alors pourquoi tout ce gâchis ? Pour obtenir, comme on veut essayer de nous le faire croire, une renégociation de la Convention et une revalorisation des salaires de 14% ? Qui peut croire que l’heure est aux cadeaux de nos employeurs ? Détruire des salaires acquis, c’est jouer avec le feu.

 

De plus, les « pyromanes » du SNTPCT nous parlent de deux types de programmes, le flux et le téléfilm… Que font-ils du documentaire ? Proposent-ils, comme on peut le lire ici ou là en ce moment, que les programmes documentaires échappent à toute règle conventionnelle ? Le smic et le Code du travail comme unique perspective ?

Nous n’accepterons pas le découpage arbitraire proposé par le SNTPCT, qui a toujours défendu l’idée d’avoir autant de Conventions que de types de programmes. Cette revendication divise les techniciens et ouvriers, et on n’a jamais obtenu d’acquis durables dans la division.

 

La Convention Collective de la Production Audiovisuelle, obtenue de haute lutte par l’ensemble des salariés de la production audiovisuelle, a longtemps été le texte le mieux disant dans notre secteur, bien avant l’extension de la Convention Collective de la Production Cinématographique. C’est un acquis de la lutte syndicale, et les salarié(e)s n’accepteront pas une remise en cause conventionnelle qui laisserait sur le bord de la route des pans entiers de la production et notamment l’ensemble des programmes qui répondent à la notion « d’œuvre audiovisuelle ». C’est autour de cette exigence qu’il convient de nous rassembler sans plus tarder au-delà de postures syndicales qui ne vont pas nécessairement dans le sens des intérêts des professionnels du secteur.

Paris, le 13 avril 2015, le Conseil national.

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