La Vie d’Adèle : « La Palme de Plomb »…

 

Notre organisation syndicale, informée par un communiqué des professionnels du cinéma des conditions sociales particulièrement désastreuses du tournage du film « La Vie d’Adèle », a alerté l’ensemble de la profession sur les limites de la dérégulation sociale dans les métiers du cinéma.

Ce communiqué, publié le jour de la diffusion de ce film, à Cannes, a été repris quasiment à l’identique dans le quotidien « Le Monde ». Depuis lors, ce film a reçu la Palme d’Or du 66ème Festival de Cannes.

Si nous nous félicitons de l’obtention de cette Palme, celle-ci devrait venir également récompenser le travail de l’ensemble de celles et ceux qui ont participé à l’élaboration de ce film dans des conditions de tournage particulièrement éprouvantes. L’expression « La Palme de plomb » émanant de celles et ceux qui ont travaillé sur ce film, illustre l’amertume, voire les désillusions de professionnels qui vivent de plus en plus mal des conditions de travail  insupportables, des infractions au Code du travail, des conditions de rémunérations au rabais avec la reconnaissance d’un film qui devrait pourtant les réjouir pour avoir obtenu la Palme d’Or.

La campagne médiatique tapageuse et outrancière de ces derniers mois contre l’extension de la Convention Collective n’a fait que creuser le fossé entre les parties.  Répandre L’idée que nous voudrions « tuer le cinéma », alors que  nous devrions rechercher des solutions pérennes qui permettent à tous les films d’exister, est irresponsable.

Et ce n’est pas la nomination d’un médiateur qui n’a pas vocation à se substituer aux partenaires sociaux qui répondra à cette question d’intérêt général.

Il est donc urgent que les Ministères du travail et de la Culture respectent les engagements pris le 14 mars dernier en prenant un arrêté d’extension au 1er juillet prochain de la Convention collective nationale de la production cinématographique signée le 19 janvier 2012.

Dans le même temps, – la situation étant suffisamment sérieuse -, nous demandons à la Région Nord-Pas-de-Calais d’intervenir pour que soit reconnue l’intégralité du travail effectué lors de ce tournage.

Les conditions de production de ce film, œuvre que nous ne souhaitons absolument pas stigmatiser bien au contraire, sont au cœur de l’ensemble des dysfonctionnements et du malaise de la production cinématographique que nous dénonçons depuis de très nombreuses années quand d’aucuns (Vincent Maraval en qualité de co-producteur) se félicitent d’avoir pu produire ce film à très bas coût.

Puisqu’il est question d’Art et de Culture, l’œuvre ne saurait justifier toutes les méthodes.

Nous revendiquons l’extension de la  Convention collective du cinéma,  la mise en place « d’Etats Généraux du Cinéma » pour assurer mieux qu’aujourd’hui le financement d’une très grande partie de notre cinématographie. C’est cela que nous appelons une « Vision pour le Cinéma ». C’est ce que nous demandons au Ministère de la Culture.

Nous n’hésiterons pas à appeler nos collègues à se mobiliser et à soutenir l’ensemble de l’équipe ayant participé au tournage de « La Vie d’Adèle ».

Non, le Cinéma ne doit pas être une zone de non-droit. Nous voulons simplement vivre de nos métiers.

Paris, le 28 mai 2013, le Conseil National.

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