Du bonne usage de l’exception culturelle

Réponse du SFR-CGT au producteur François Margolin

« Quelle logique y-a-t-il a à affirmer que le cinéma n’est pas une marchandise comme une autre, et en même temps, lui faire supporter le même code du travail, la même règle, que les entreprises qui fabriquent des boîtes de petits pois ? » se demande le producteur de cinéma François Margolin dans une tribune parue dans Le Monde le 17 juillet.

Quel mépris pour les fabricants de boîte de petits pois et leurs employés qui participent au financement de l’indemnisation chômage des intermittents du spectacle qu’emploie M. Margolin (en les payant 30% en dessous du tarif syndical selon ses propres déclarations à France-Inter le 25 juillet).

L’exception culturelle – M. Margolin semble l’ignorer – c’est le droit de réglementer là où la règle est la dérégulation. Les fabricants de boîtes de petits pois ne bénéficient pas d’avances sur recettes sur la vente des petits pois, il ne bénéficient pas d’une taxe spéciale additionnelle sur la vente des petits pois, ils ne bénéficient pas d’un fonds de soutien à la production de petits pois, il ne bénéficient pas de fonds d’aides régionaux à la fabrication de boîtes de petits pois et ils ne bénéficient pas de quotas de production et de diffusion de petits pois nationaux.

M. Margolin cite L’exception et la règle de Bertolt Brecht en inversant la leçon de l’auteur. Il pousse l’incompréhension du texte (ou le ridicule) jusqu’à comparer sa situation de producteur de cinéma à celle du coolie du désert de Yahi, l’homme qui vit dans le dénuement le plus complet, qui craint pour son salaire, qui est exploité et finalement assassiné par le marchand parce que celui-ci a pris peur quand il lui a tendu de l’eau !

M. Margolin ferait mieux de s’identifier au Bertolt Brecht qui écrivait alors qu’il travaillait comme scénariste à Hollywood :
Chaque matin pour gagner mon pain
Je vais au marché où l’on vend des mensonges
Et plein d’espoir
Je me range aux côtés des marchands.

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