Syndicat français des Réalisateurs cgt
MISERE DU DOCUMENTAIRE, DOCUMENTAIRE DE MISERE

Le Syndicat français des réalisateurs (SFR cgt) partage l’inquiétude des nombreux documentaristes qui à travers deux appels à la défense du documentaire (la tribune « Nous sommes le documentaire » parue dans Le Monde du 13 mars et le communiqué Addoc/SRF du 19 mars) manifestent leur appréhension de voir disparaître de nos écrans – des grands comme des petits – un genre cinématographique qui leur est cher, pourtant fondamental, autrement dit « le cinéma des origines ».

Au cinéma comme à la télévision, les réalisateurs et techniciens qui travaillent à la création des films documentaires le font presque toujours dans des conditions matérielles difficiles… Faudrait-il pour autant accepter, là comme ailleurs, que la misère induise la règle ?

Au cinéma comme à la télévision, ne faisons pas du documentaire une « exception » dans « l’exception culturelle ».

Le droit du travail, le droit social, le droit tout court demeure le garant de la liberté de création. Soutenir le documentaire c’est aussi respecter le travail de celles et ceux qui les créent. La défense du documentaire doit-elle se faire au prix de la paupérisation des documentaristes, de « l’assouplissement » de leurs droits sociaux comme le suggère la tribune du Monde ?

Rappelons que les réalisateurs de l’audiovisuel ne bénéficient même pas d’un salaire minimum. La bataille pour établir leur droit conventionnel est un combat essentiel à mener si on veut que vive le documentaire.

Le documentaire n’est pas un sous-genre. Le SFR cgt s’est battu contre les syndicats de producteurs pour qu’au cinéma, dans la nouvelle convention collective, la définition de fonction du réalisateur de documentaire soit la même que celle du réalisateur de fiction, lui garantissant ainsi son rôle de maître d’œuvre, son salaire minimum et ses droits sociaux.

Dans l’audiovisuel, nous avons obtenu par un arrêté de la Cour d’Appel de Paris du 08.10.09 que les réalisateurs de documentaires bénéficient du taux réduit « artistes » de cotisation à l’Urssaf qui jusque là était réservé aux réalisateurs de téléfilms.

Au cinéma, le SFR cgt a obtenu que le documentaire soit exclu de la mesure « maîtrise des coûts » de la nouvelle réglementation du CNC du 26 mars 2015 qui interdit l’accès aux aides du CNC si la rémunération globale de l’auteur-réalisateur d’un film de long métrage excède 15% du devis, ce qui aurait été catastrophique pour le documentaire.

 

De même, nous continuons à exiger du CNC que la réglementation française se conforme à la directive européenne qui autorise le dépassement sans limite du plafond de 60% d’aides publiques pour les documentaires.

Nous devons continuer à nous battre pour que le CNC abonde le financement des films à petits budgets, le documentaire en particulier, ce qui était la condition de la mise en place de la dérogation à la grille de salaires conventionnels.

Cela passe par une réforme des règles du Fonds de soutien et de l’Avance sur recettes et par l’examen sérieux du projet qui avait été proposé par les syndicats du prêt à taux zéro assis sur les recettes pour garantir le paiement des salaires.

Dans l’audiovisuel, il y a un combat à mener pour que le secteur public redevienne un service public et respecte pleinement son cahier des charges en matière de productions, d’achat et de diffusion de documentaires de création.

La définition de « l’œuvre documentaire » doit être réhabilitée dans la programmation comme dans le soutien financier par rapport au reportage et à la télé-réalité. Il y a longtemps qu’est passée aux oubliettes la décision n° 87-361 du 31 décembre 1987 du CNCL (Commission nationale de la communication et des libertés) :

« Le documentaire de création se réfère au réel, le transforme par le regard original de son auteur et témoigne d’un esprit d’innovation dans sa conception. Il se caractérise par la maturation du sujet traité et par la réflexion approfondie, la forte empreinte de la personnalité d’un réalisateur… »

Ponctionner la redevance pour financer des diffuseurs de droit privé, comme le suggèrent la tribune « Nous sommes le documentaire » parue dans Le Monde du 13 mars et le communiqué Addoc/SRF du 19 mars, ne ferait que conforter France Télévisions dans l’abandon de ses obligations à l’égard du financement et de la programmation du documentaire à des horaires décents.

Oui, il faut que des fonds publics soutiennent le travail de celles des chaînes locales qui aident réellement le documentaire de création et non pas celles qui nourrissent leurs antennes de documentaires sans débourser un centime. Ceci peut et doit se faire sans appauvrir le secteur public.

Oui, il faut revoir les règles du Cosip. Oui, il faut que soit pris en compte sérieusement tous les projets de réformes proposés autrefois par le Groupe du 24 juillet, aujourd’hui par Addoc et les associations professionnelles.

Mais le SFR cgt ne permettra jamais que la défense de la production et de la création documentaire passe par la dégradation des conditions de travail et la réduction des salaires.

Pour que vive le documentaire, il faut que vivent les documentaristes.

Oui à la création et au travail « hors norme » qui échappe au formatage qui nous envahit et nous tue et oui aux normes sociales qui nous protègent et nous font vivre.

QUE VIVE LE DOCUMENTAIRE !

QUE LES DOCUMENTARISTES PUISSENT EN VIVRE !

S.F.R.-C.G.T.
14 / 16 rue des Lilas 75019 Paris Tel : 06.87.45.26.62

sfr@sfr-cgt.fr – http://sfr-cgt.fr/

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