Dans l’animation, ils osent tout, ou presque, c’est le constat partagé des salarié(e)s du secteur que nous avons rencontrés.
Un défi pour les salarié(e)s, briser le silence.
La Convention collective de production de films d’animation ne doit pas s’entendre comme réservé au cinéma d’animation, ce texte conventionnel regroupe des réalités très différentes : programmes pour la télévision, publicité, long métrage, effets spéciaux etc.
En dépit de la signature d’une Convention collective dans la production de films d’animation signée le 6 juillet 2004 et étendue[1] le 18 juillet 2005, la norme conventionnelle, pas d’avantage que le Code du travail ne sont respectés dans ce secteur.
Bien des raisons expliquent cette déréglementation, mais il faut pourtant en finir avec des pratiques à la marge qui pénalisent très lourdement les salariés, les employeurs, il en existe, qui respectent les règles sociales et enfin les comptes sociaux notamment l’URSSAF.
Des questions sont apparues de manière récurrente au cours de cette soirée :
– sous-déclaration ou absence de déclaration des heures supplémentaires, non-rémunération de ces heures, ça paraît aller de soi…
– contrats de travail écrit remis de manière aléatoire,
– absence de remboursement des titres de transport obligatoire (disposition du Code du travail),
– jours fériés non-payés on s’arrange pour interrompre le contrat avant le jour férié quitte à le renouveler le jour d’après…
– maintien dans des fonctions d’assistant ou de débutant sur des durées anormalement longues, multiplication des stagiaires…
– travail à la tâche pour les story-boards notamment avec des demandes des employeurs qui explosent très largement la durée légale du travail,
– discriminations salariales hommes/femmes,
– écarts de rémunérations Paris/Régions avec des niveaux de rémunération conventionnelle peu ou pas respectés en Régions.
Si on peut être conscient des difficultés rencontrées par certaines entreprises du secteur, on ne peut se satisfaire de cette liste à la Prévert et nous souhaitons très vivement que les choses évoluent dans cette branche :
La production de films d’animation étant un assez petit secteur d’activité, on ne peut se satisfaire que les droits élémentaires des salariés ne soient pas respectés, et notamment le droit à l’information syndicale qui nous paraît indispensable dans l’animation. En effet, les salarié(e)s y sont souvent très jeunes et peu ou pas formés a minima à la connaissance des problématiques sociales. Les écoles de formation doivent nous permettre d’intervenir, comme nous le faisons depuis très longtemps dans les métiers formant à la production cinématographique par exemple.
Si nous avons accompagné ce secteur dans des stratégies de relocalisation de l’emploi, des formes de rémunération bonifiées devraient être prévues par la Convention en fonction de la durée des contrats.
Le passage d’une qualification à une autre doit être amélioré de telle manière que les professionnel(le)s de l’animation ne restent pas sur des périodes anormalement longues à des postes intermédiaires. Et c’est d’autant plus justifié que ces professionnel(le)s ont des formations initiales très longues.
Le maintien dans l’emploi des « « séniors doit être une priorité, il y va de la transmission des savoir-faire et de l’expérience et du maintien dans l’emploi de celles et ceux qui en sont privés de plus en plus rapidement.
Nous avons trouvé judicieux de joindre à ce « bilan » que nous souhaitons provisoire, et nous ferons tout pour que ce le soit, de la réalité sociale du secteur de la production de films d’animation des extraits du rapport établi en 2013 par le Centre National du Cinéma et de l’image animée, sur le marché du film d’animation. Le contraste est préoccupant.
A Paris, le Conseil national, le 26 mars 2015.
La production de programmes audiovisuels d’animation est en hausse en volume (+9,1 %) et en valeur (+17,2 %) En 2013, la production de programmes audiovisuels d’animation augmente de 9,1 % à 326 heures, pour un devis total de 213,0 M€ (+17,2 %). Le coût horaire de l’animation augmente de 7,4 %, à 654,3 K€ et atteint le niveau le plus élevé depuis cinq ans. Le volume annuel moyen de production d’animation s’établit à 321 heures au cours des dix dernières années (2004 – 2013). L’apport du CNC est en hausse de 7,4 % et couvre 19,0 % des devis. Les apports étrangers augmentent de 23,9 % et représentent 24,4 % du financement des programmes d’animation.
En 2013, la production de six films français d’animation a été engagée
En 2013, six films ont été agréés soit six titres de moins qu’en 2012. Parmi eux, trois productions sont 100 % françaises. L’ensemble des devis est en baisse de 33,9 % à 91,05 M€. Le devis moyen par film augmente de 32,2 % à 15,18 M€. Les mandats d’exploitation couvrent 52,1 % du devis total des films d’animation agréés dans l’année, les apports étrangers 11,6 % et les chaînes de télévision 4,9 %. En moyenne, sur la période 2004-2013, 18,3 % des dépenses de production d’animation ont été réalisées à l’étranger.
Le secteur de l’animation en France emploie près de 5 000 personnes
En 2012, les effectifs des entreprises de production de films d’animation et d’effets visuels se stabilisent à 4 676 individus (4 678 en 2011). La masse salariale est également stable à environ 89 M€ depuis 2010. Le recours aux CDD d’usage est très fréquent : 80 % des salariés sont des emplois intermittents Les effectifs sont à majorité composés d’hommes : ils représentent 70,9 % des techniciens intermittents et 54,1 % des effectifs permanents en 2012. Ils sont jeunes : 75 % des techniciens intermittents et 62 % des permanents ont moins de 40 ans. Entre 2004 et 2012, le revenu annuel des salariés de la production de films d’animation et d’effets visuels progresse (+32 % pour le salaire des cadres et +3 % pour les non cadres).
L’offre de films d’animation en salles reste élevée
En 2013, 33 films inédits d’animation font l’objet d’une exploitation en salles (31 en 2012) 15 films sont disponibles en 3D (14 en 2012), soit 45,5 % des films d’animation. L’animation génère en moyenne davantage d’entrées par film que les autres genres : elle représente 5,0 % des films inédits sortis en 2013 et génère 14,6 % des entrées de l’ensemble de ces films et 14,4 % des recettes. Dans un contexte de baisse de 4,9 % de la fréquentation en 2013, les entrées des films inédits d’animation diminuent de 3,0 % à 25,60 millions d’entrées. L’offre de films d’animation français demeure riche avec neuf films en 2013. Cependant, les entrées des films d’animation français baissent fortement à 1,38 million d’entrées (-69,7 %), soit une part de
Le marché de l’animation en 2013 9
marché de 5,4 % (17,3 % en 2012) tandis que la part de marché des films américains augmente de 13,4 points, à 87,9 %. Le recul des entrées des films d’animation s’accompagne d’une baisse des recettes (-3,0 %) à 164 M€. La recette moyenne par entrée pour les films d’animation de 2012 se maintient à 6,44 € (5,32 € pour les films d’animation français et 6,52 € pour les films d’animation américains). Pour les 15 films d’animation projetés en 3D en 2012, la recette moyenne par entrée s’élève à 6,53 €.
Les longs métrages d’animation bénéficient d’une large exposition en salles
Les films d’animation bénéficient à la fois d’importants frais d’édition et de larges combinaisons de sortie. La part des films d’animation inédits sortis en salle en 2013 et ayant fait l’objet d’une campagne publicitaire sur au moins un des sept grands medias s’élève à 87,9 % (78,3 % tous genres confondus). En moyenne, l’investissement publicitaire brut tarifé d’un film d’animation s’élève à 1 356 K€ en 2013, contre 859 K€ tous genres confondus.
En 2013, un film d’animation inédit est distribué en moyenne dans 321 établissements en première semaine, contre 139 établissements tous genres confondus. Les films d’animation bénéficient d’une durée moyenne de vie en salles supérieure à celle de l’ensemble des films. La fréquentation des films d’animation est de plus en plus concentrée sur les premières semaines. Ils réalisent 87,3 % de leurs entrées au cours des cinq premières semaines de leur exploitation (contre 90,9 % tous genres confondus) ; c’est la plus forte proportion enregistrée depuis dix ans sur les films d’animation. Parallèlement, les films français d’animation présentent une durée de vie moyenne supérieure à celle des films américains.
Le public des films d’animation est diversifié
Le public des films d’animation est composé presque à parts égales d’enfants (42,3 % de 3-14 ans en 2013) et d’adultes (32,5 % de 25-49 ans et 9,6 % de 50 ans et plus). En général, chaque enfant est accompagné par un adulte pour une séance de cinéma. Les femmes composent plus de la moitié du public des films d’animation (54,8 % en 2013) et la part des spectateurs occasionnels dans ce public progresse régulièrement depuis 2005 (44,6 % en 2013). Les films d’animation en 3D attirent un public qui se distingue de celui des films en 2D. La présence de jeunes hommes, âgés de 15 à 24 ans, CSP+ et d’assidus du cinéma est plus prononcée dans le public de l’animation en 3D.
Près de 4 000 heures de programmes d’animation sont diffusées sur les chaînes historiques En 2013, les chaînes nationales historiques (TF1, France 2, France 3, Canal+, France 5 et M6) diffusent 3 985 heures de programmes d’animation (dont 176 heures de films cinématographiques). L’offre d’animation diminue très légèrement par rapport à 2012 (-0,5 %). Elle est en progression sur TF1, France 2, M6 et diminue sur France 3, Canal+ et France 5. La part de l’offre d’animation sur les chaînes nationales historiques est stable à 7,5 % de leur offre totale de programmes. France 3, France 5 et TF1 sont les principaux diffuseurs d’animation.
La part de l’animation diffusée avant 8h30 est en progression constante. En 2013, 66,0 % de l’offre totale d’animation diffusée sur les chaînes nationales historiques est proposée avant 8h30, contre 52,2 % en 2008. L’offre d’animation est proportionnellement plus élevée en période de congés scolaires. 46,8 % des volumes d’animation sont diffusés pendant les vacances scolaires alors que ces dernières couvrent 41,6 % des jours de l’année. En 2013, le volume
10 Le marché de l’animation en 2013
d’animation diffusée sur les chaînes nationales historiques augmente pendant les vacances scolaires (+4,3%) et diminue le reste de l’année (-4,4 %).
L’offre d’animation à la télévision demeure majoritairement française
L’offre d’animation diffusée sur les six chaînes nationales historiques est majoritairement composée de programmes français. En 2013, l’animation française représente 42,1 % du volume horaire total (40,9 % en 2012). La part de l’animation européenne extranationale se maintient à 13,2 %. La part de l’animation américaine augmente légèrement (+1,4 point à 32,7 %). Les programmes d’autres nationalités composent 11,9 % de l’offre d’animation en 2013, contre 14,3 % en 2012.
Les enfants composent le principal public de l’animation à la télévision
En 2013, l’animation représente 1,8 % de la consommation des téléspectateurs âgés de 4 ans et plus sur les chaînes nationales historiques selon Médiamétrie (1,8 % en 2012). Les enfants, notamment les plus jeunes, demeurent le principal public des programmes d’animation diffusés à la télévision. En 2013, l’animation représente 18,1 % de la consommation des 4-10 ans (16,6 % en 2011) et 5,9 % de celle des 11-14 ans (5,7 % en 2012) sur les chaînes nationales historiques. Sur les 4-10 ans, la part d’audience de l’animation est en hausse sur TF1 (+1,7 point par rapport à 2012), France 3 (+1,2 point) et France 5 (+0,8 point) alors qu’elle diminue sur France 2 (-8,8 points), Canal+ (-0,9 point) et M6 (-0,7 point).
La consommation de programmes jeunesse en télévision de rattrapage (TVR) augmente fortement En 2013, l’offre de programmes d’animation en télévision de rattrapage sur internet des chaînes nationales gratuites s’établit à 437 heures par mois, contre 338 heures en 2012, soit une augmentation de près de 100 heures par mois (+29,2 %). La part de l’animation dans l’offre de programmes mise à disposition en TVR augmente à 3,1 % (2,6 % en 2012). Les principales offres sont proposées par France 5, Gulli et TF1. La consommation de programmes d’animation en TVR augmente de 80,5 %, à 228,8 millions de vidéos vues (sur tous supports) contre 126,7 millions en 2012. La part de la consommation de l’animation augmente à 7,4 % contre 4,2 % en 2012.
L’animation française rencontre de réels succès à l’exportation
En 2012, les ventes de programmes audiovisuels d’animation français à l’étranger augmentent pour la quatrième année consécutive à 43,9 M€ (+24,3 % par rapport à 2011). La part du genre progresse de 2,6 points à 34,6 % des ventes totales de programmes audiovisuels en 2012. Les financements étrangers dans la production française de programmes audiovisuels d’animation progressent également de 23,9 % à 52,1 M€ en 2013. Les principaux territoires d’exportation des programmes audiovisuels d’animation sont l’Europe de l’Ouest (avec une part à 54,8 %), l’Asie-Océanie (14,9 %), l’Amérique du Nord (13,2 %) et l’Europe centrale et orientale (10,2 %). En 2013, 9 films d’animation français inédits sont sortis en salles à l’international et 39 films sont exploités dans les salles étrangères. Les longs métrages d’animation français réalisent2,36millions d’entrées à l’étranger en 2013, soit 63,1 % de l’ensemble de la fréquentation des films français dans le monde. Sur la période 2004-2013, les films d’animation français cumulent plus de la moitié (54,7 %) de leurs entrées à l’étranger. 13 films français d’animation franchissent le seuil d’un million d’entrées réalisées à l’étranger sur la décennie.
Le marché de l’animation en 2013 11
[1] D’application obligatoire