Le refus d’une réelle négociation des salaires est une grave remise en cause de la Convention collective de la production audiovisuelle
Négociation du 10 décembre : les propositions patronales sont les suivantes :
– 1,2 % pour les salaires des intermittent.e.s
– 2,4 % pour les salaires des permanent.e.s,
autant dire immensément loin des 11% revendiqués par notre intersyndicale (CFDT, CFTC, SPIAC).
C’est théoriquement la dernière séance de négociations avant mise à la signature…
Consternés et révoltés par une proposition aussi méprisante, nous sommes également très inquiets car – à bien entendre ce qui s’est dit au cours de la négociation – il y a une certaine logique aux propositions patronales.
De fait, les représentants patronaux souhaitent maintenir des salaires minima en l’état, donc les réduire au fil du temps, et avoir la « liberté » de choisir les professionnel.le.s qu’ils vont rémunérer au-delà de ces minima réduits à peau de chagrin.
Cette stratégie est une véritable remise en cause, à terme, de la Convention collective de la production audiovisuelle.
Cette Convention est le produit de la grève des techniciens en 1999 sur le téléfilm, qui a abouti à des droits collectifs et à une grille de salaires assurant aux technicien.ne.s de pouvoir réellement vivre de leur métier…
Si les salaires minima sont de plus en plus bas, et si nous ne pouvons compter – pour arriver à un salaire décent – que sur le bon vouloir des producteurs, nous réintroduirions alors ce que la Convention avait pratiquement supprimé, la concurrence entre les salariés (à qui acceptera le plus bas salaire).
Le souvenir de cette grève, et des capacités de lutte des salarié.es, a dû s’estomper chez les producteurs, qui osent, aujourd’hui, nous faire ces propositions indécentes.
Alors la question posée à présent est : que faisons-nous ?
Cette question se pose à chacun d’entre nous.
Quand l’emploi est au plus haut dans nos secteurs, que certains métiers sont en tension, devons-nous accepter, à plus ou moins long terme, la dérégulation que nous avons stoppée il y a plus de 20 ans ? Renoncer à nous battre, c’est entériner le principe d’une Convention collective au rabais, avec des rémunérations « à la tête du client » et des profits au plus haut pour certaines productions, profits que nous contribuons pourtant à créer.
Ce n’est acceptable pour personne et surtout pas pour notre organisation, qui a participé activement à la mise en place de la Convention.
Dans ce contexte, et compte tenu de la période de fin d’année, nous vous proposons de nous retrouver début janvier afin d’élaborer ensemble une stratégie pour contraindre les organisations patronales à céder sur nos revendications. Il en va de l’avenir de nos garanties conventionnelles et de nos métiers.
A Paris, le 15 décembre 2021
Le Conseil national.