Communiqué du Conseil national du 19 décembre 2019

Violences sexuelles et sexistes, c’est aussi mon affaire


Nous avons un peu tardé, nous souhaitions prendre le temps, avoir le recul sur un dossier complexe, ne pas succomber aux effets de cette actualité brûlante durant quelques secondes et qui disparaît des radars aussi vite qu’elle est consommée.
Oui le sujet des violences sexuelles et sexistes appelle de la réflexion, de la durée, de la constance.


Les violences sexistes et toutes les formes de harcèlement sont condamnables, doivent être condamnées par la justice, même si celle-ci ne remplit pas toujours ses missions … Nous avons échangé, discuté, mis en débat cette question au sein de notre Conseil syndical, quelques lignes fortes sont apparues.
Le harcèlement moral, physique, toutes les violences faites aux femmes, questionnent le silence opaque qui entoure la notion de consentement et de respect dus à chacun et particulièrement aux femmes.


Malheureusement les stéréotypes ont la vie dure et les rapports de domination hiérarchiques dans les équipes mettent souvent à mal les jeunes femmes et les moins jeunes qui n’osent pas se défendre.


Nous devons nous emparer du mouvement qui se développe en ce moment et dénonce enfin le climat nauséabond qui règne sur certains tournages, dans certaines écoles, ou plus généralement dans le cinéma et la télévision. Beaucoup de femmes et certains hommes aussi, sont déterminés à ce que cesse l’impunité qui entoure les harceleurs de tous poils, qui de la blague salace aux attouchements et jusqu’à la violence sexuelle continuent de considérer les femmes comme un terrain de chasse.


Assez !!!


Notre métier a déjà du mal à s’ouvrir à une parité qui tarde à voir le jour. Les femmes n’ont pas besoin de cette double peine.


Il faut plutôt, au delà de la nécessité de combattre les violences faites aux femmes dans nos métiers, que la volonté de faire évoluer l’image des femmes trop souvent soumises au désir masculin s’affirme dans les scenarios, les programmes TV et par là les imaginaires de tous et toutes. Une évolution profonde des mentalités est nécessaire. C’est à l’intérieur des équipes que beaucoup de choses se jouent. Le syndicat en luttant pour garantir les droits des travailleurs et des travailleuses se doit de défendre notre droit à travailler protégées de toute forme de harcèlement.


Le harcèlement sexuel, les violences faites aux femmes doivent être résolument l’affaire de tous les technicien.ne.s, de toutes celles et de tous ceux qui sur un tournage, dans une équipe, sur les lieux de travail sont ou ont été confronté.e.s à des débordements, à des signes équivoques ou troublants..


La notion de référent contre le harcèlement sur les lieux de travail doit être appréhendée avec intelligence, elle appelle à de la formation, à de la sensibilisation de celles et de ceux qui l’exerceront.


Nous souhaitons, pour notre part, qu’une réflexion soit conduite dans le cadre des différents Comités Centraux d’Hygiène et de Sécurité du cinéma et de l’audiovisuel afin d’approcher plus précisément la problématique, et que les mesures de prévention des violences et du harcèlement soient inscrites dans les Conventions.


Dans nos secteurs la place des femmes doit être repensée, il nous faut sortir de l’enfermement des métiers, parvenir à une vraie mixité dans les équipes, permettre que nos collègues femmes accèdent plus vite qu’aujourd’hui à des qualifications de cheffe de poste. Au-delà, c’est l’ensemble de la question de nos droits, et de l’égalité des droits qui doit être revisité : l’exercice de la hiérarchie, la place et le rôle de l’omnipotent réalisateur créateur et/ou du Chef de poste et son rapport avec les équipes.


Telles sont les réflexions que nous portons et que nous devons approfondir toutes et tous ensemble pour que les violences sexuelles, sexistes, et toute forme de violence disparaissent des métiers de la création.


Paris, le 19 décembre 2019, le Conseil national.

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